Page:Arnal - La Maison de granit, Plon-Nourrit.djvu/87

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Tu saurais la douceur d’être aimé pour toi-même,
D’avoir sur ta poitrine un cœur tout plein du tien ;
Tu connaîtrais enfin cette fierté suprême,
D’enchaîner à ton sort l’âme qui t’appartient.

. . . . . . . . . . . . . . . . .



Mais tu ne viendras pas, et ma porte fermée
Ne s’ouvrira jamais sous ta main bien-aimée…
Moi, nourrie âprement du pain de la douleur,
Je mourrai sans goûter le pain blanc du bonheur.

Car je n’ai pas le droit de dire que je t’aime !
Je suis femme, je dois toujours me taire, et, même,
Si tu me devinais je dirais encor : non !
Alors que tout mon sang brûle au feu de ton nom.

Il faudrait, pour briser le sceau qui clôt ma bouche,
Que, jetée à ton cou dans un élan farouche,
Je puisse te crier le secret de mon cœur,
Et que de mon orgueil ton regard fût vainqueur.