Page:Arnaud - Recueil de tombeaux des quatre cimetières de Paris, 2.djvu/144

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Il aimait à rêver au doux bruit du ruisseau :
Le soir, dans la forêt, loin des routes tracées,
Il égarait ses pas et ses tristes pensées ;
Quelquefois, en quittant ces bois religieux,
Des pleurs mal essuyés mouillaient encore ses yeux.
Un jour, près d’un ruisseau, sur le mont solitaire,
Sous l’arbre favori, le long de la bruyère,
Je cherchai, mais en vain, la trace de ses pas ;
Je vins le jour suivant, je ne le trouvai pas !
Le lendemain, vers l’heure où naissent les ténèbres,
J’aperçus un cercueil et des flambeaux funèbres ;
À pas lents vers l’église on portait ses débris ;
Sa tombe est près de nous ; regarde, approche et-lis :


ÉPITAPHE.


Sous ce froid monument sont les jeunes reliques
D’un homme à la fortune, à la gloire inconnues,
La tristesse voilait ses traits mélancoliques ;
Il eut peu de savoir, mais un cœur ingénu,.
Les pauvres ont béni sa pieuse jeunesse
Dont la bonté du ciel a daigné prendre soin ;
Il sut donner des pleurs, son unique richesse ;
Il obtint un ami, son unique besoin.
Ne mets point ses vertus, ses défauts, en balance,
Homme, tu n’es plus juge en ce funèbre lieu :
Dans un espoir tremblant il repose en silence,
Entre les bras d’un père et sous la loi d’un Dieu.





La terre est une immense tombe,
Où descend l’industrie, où la vertu succombe.