Page:Arnaud - Recueil de tombeaux des quatre cimetières de Paris, 2.djvu/157

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Dieu lance le cœur de l’homme vers l’avenir par un ressort invincible et caché. L’espérance infatiguable, les ailes toujours étendues, vole vers tous les objets qui frappent sa vue insatiable et toujours mal satisfaite des succès passés ; elle nous force à immoler notre repos à des chimères et à sacrifier des biens certains à l’incertitude des hasards ; elle foule sous ses pieds tous les bienfaits du présent, tue nos plaisirs à mesure qu’ils naissent, nous harcèle jusqu’au tombeau, et nous fait souffrir presque autant de maux que le désespoir. Pourquoi la jouissance est-elle toujours moins vive que le désir ? Pourquoi un désert est-il plus cher à l’homme qu’une couronne ? Pourquoi, dès que ce désir est satisfait, ensevelit-il le bonheur ? Ah ! sans doute, Dieu qui ne nous laisse ici d’autre bien que l’espérance, nous réserve dans l’avenir des biens plus précieux que ceux de la terre ; nous sommes entrainés vers le but invisible où le Créateur nous attire.




STANCES

Imitées de l’anglais en l’honneur
DE
M. PECHMEJA, ami de M. DUBREUIL.


Salut, sainte amitié, douce union des âmes,
Noble penchant des cœurs sensibles, généreux,
De ceux que tu remplis de tes divines flammes,
L’un mourrait avec joie en rendant l’autre heureux.

Mais, efforts superflus, tous deux n’ont qu’un seul être ;
Le coup qui frappe l’un contraint l’autre à périr ;
Tels on voit deux palmiers qu’un même sol fit naitre,
L’un de l’autre privés, s’incliner et mourir.