Page:Arnaud - Recueil de tombeaux des quatre cimetières de Paris, 2.djvu/47

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………Elle rappelait mademoiselle de Scudéry, qu’on avait vue, en 1671, remporter un pareil prix à l’académie française ; mais elle n’avait, avec cette vieille muse, que ce seul trait de ressemblance ; aussi lui adressa-t-on le madrigal suivant :

D’Apollon, de Vénus, réunissant les armes,
Vous subjuguez l’esprit, vous captivez le cœur,
Et Scudéry jalouse, en verserait des larmes ;
Mais, sous un autre aspect, son talent est vainqueur :
Elle eut celui de faire oublier sa laideur.
Tout votre esprit n’a pu faire oublier vos charmes.

Lorsqu’elle eut publié le Paradis terrestre, imitation du Paradis perdu, de Milton, Voltaire lui adressa ces jolies stances :

Milton, dont vous suivez les traces,
Vous prête ses transports divins.
Eve est la mère des humains
Et vous êtes celle des Grâces.

Comment n’eût-elle pas séduit
La raison la plus indomptable !
Vous lui donnez tout votre esprit :
Adam était bien pardonnable.

Elle le rendit criminel,
Et vous méritez nos louanges ;
Eve séduisit un mortel,
Et vous auriez séduit les anges.

Madame Dubocage mit le sceau à sa renommée littéraire par la Colombiade, poème en dix chants, et ce fut par cet ouvrage qu’elle termina sa carrière poétique.