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seront toujours tant qu’on persévérera dans le vieux système[1].

D’ailleurs, tant que la forme républicaine n’était point abolie, quel prétexte a une semblable Révolution, et quel résultat en attendre[2] ?

Une quatrième proclamation de la République aussi vaine, aussi inutile que les précédentes ?

Proclamer la République, n’est rien. Le tout est de la fonder, et elle ne se fondera que sur le terrain des réformes socialistes, qu’à la suite d’un remaniement complet de toutes nos institutions.

Or, ce remaniement ne sortira jamais probablement des délibérations d’une assemblée de représentants qui, nommés en vertu de la centralisation et de la dictature de l’Etat, discuteront, promulgueront une Constitution comme nous en avons eu déjà deux ou trois douzaines — qui, devenus gouvernement, par le fait de leur nomination, resteront gouvernement, c’est-à-dire partageront du plus au moins les préjugés de tous les gouvernements, en adopteront les errements sous de nouvelles étiquettes, — au mieux aller créeront, à côté de l’ancienne ornière, une

  1. Il ne faut pas se faire d’illusion à cet égard, parce que les journaux français font grand bruit avec les élections républicaines de la province.

    Ces élections envoient tout simplement des hommes de la nuance Thiers à la nuance Gambetta, sauf quelques exceptions. Ce sont des bourgeois formalistes, centralisateurs, unitaires, anti-socialistes, dont le programme antique n’a rien de commun avec les aspirations de Paris et du peuple dans les grands centres, avec les besoins nouveaux des sociétés à venir.

    Ces élections prouvent seulement que la province s’accoutume au mot de République et n’en a plus peur, et c’est un progrès que je suis loin de nier ; mais si elles assurent une certaine forme politique plus ou moins libérale, elles ne vont pas plus loin.

  2. Sous une République, quelle qu’elle soit, il n’y a plus de révolutions politiques ; il ne peut y avoir que des révolutions sociales, dont le procédé, la marche et le développement sont tout différents.