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ce cauchemar, l’hébétait, le rendait incapable de toute action commune.

Ce n’était pas lâcheté, non certes. Le peuple de Paris a prouvé, du 4 septembre au 30 mai, de quels efforts sublimes il était capable ; il a démontré, au milieu d’une succession inouïe de revers et de trahisons, que nulle tâche héroïque ne pouvait étonner son courage.

Seulement, l’œuvre la plus néfaste du despotisme, c’est de séparer les citoyens, de les isoler les uns des autres, de les amener à la défiance, au mépris réciproques.

Personne n’agit plus, parce que personne n’ose plus compter sur son voisin, et l’on assiste à ce phénomène singulier qu’une foule, composée d’hommes braves et prêts à sacrifier leur vie sans marchander, se conduit avec pusillanimité.

Telle était la situation des esprits, à Paris, le 3 septembre au soir.

Cependant, le rassemblement dont j’ai parlé, plus nombreux qu’aucun de ceux que j’avais vus, paraissait aussi plus résolu. Il présentait ce mélange de toutes les classes et de tous les âges qui annonce que la population tout entière est remuée dans ses profondeurs.

On y voyait des bourgeois et des ouvriers, des femmes, des enfants, des vieillards, des gardes mobiles et plusieurs gardes nationaux en uniforme.

C’était bien Paris qui protestait, qui se soulevait.

Un seul cri sortait de cette foule : La déchéance !

Et les promeneurs, nombreux sur les trottoirs, applaudissaient.

Cela marcha bien jusqu’à la hauteur du Gym-