Page:Arnould - Histoire populaire et parlementaire de la Commune de Paris, v1.djvu/22

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nase. Tout à coup, le rassemblement s’arrêta, les cris se turent, et un mouvement violent de recul s’opéra ; puis une débandade terrible.

C’étaient les sergents de ville du poste du boulevard Bonne-Nouvelle qui chargeaient.

Malgré les efforts individuels de quelques citoyens résolus, rien ne put arrêter la panique.

Je fus renversé par les fuyards, sous une voiture de place qui stationnait le long du trottoir du Gymnase, et quand je me relevai de l’autre côté de la voiture, je me trouvai seul au milieu d’une escouade de sergents de ville, l’épée à la main, poursuivant, comme une meute de chiens, la foule éperdue et déjà loin.

Cependant, un groupe assez nombreux avait pu gagner les marches du théâtre, et les couvrait, mêlé à un certain nombre de spectateurs sortis pendant l’entr’acte.

Un garde mobile, que je n’avais pas vu d’abord, s’élança vers ce point pour y chercher un refuge. Au moment où il mettait le pied sur la première marche, un homme, en bourgeois, lui tira un coup de revolver, à bout portant.

Le malheureux jeune homme, frappé en pleine poitrine, tomba à la renverse, les bras étendus, sans pousser un cri.

Pas un agent de police ne se détourna. Ils continuèrent leur chasse, et le corps resta là.

L’homme qui avait tiré était un officier de paix, et cet assassinat, commis froidement, sans provocation, fut, je crois, le dernier haut-fait de l’Empire.

Il finissait, comme il avait commencé, par le meurtre.

En ce moment, un sergent de ville me saisit par le bras et me dit à voix basse :