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Il ne faut pas oublier, effectivement, que si Paris était formidablement armé, cela tenait au dévouement civique de la population. Alors que le gouvernement n’agissait pas et se plaignait de manquer d’artillerie, la population avait fait fondre des canons à ses frais.

Il est vrai que le gouvernement, ne pouvant empêcher ce mouvement patriotique, s’était, du moins, réservé le droit de ne point se servir de ces nouvelles armes, et que tous ces canons étaient restés vierges, même à la sortie de Buzenval, le 19 janvier.

Ils appartenaient donc à la garde nationale aussi légitimement, plus légitimement, s’il est possible, que ses fusils, étant sa propriété directe, propriété payée à beaux deniers comptants.

Aucune loi n’ayant encore supprimé la garde nationale ou décrété son désarmement, elle avait un droit égal à conserver toutes ses armes, y compris ses canons.

Sa prétention, à cet égard, m’a toujours semblé indiscutable. La seule chose qu’on pût discuter, c’était la façon dont elle garderait ces canons.

Personne ne contestait que leur présence sur le haut des buttes Montmartre, entourées de retranchements et dominant la ville entière, ne fût anormale et absolument provisoire.

Il y avait là un danger, non pas matériel, mais moral.

En effet, on ne pouvait craindre que les faubourgs eussent l’intention de foudroyer la ville, d’y porter la mort et la dévastation. Ce sont là de ces forfaits qui ne peuvent être conçus que dans le cerveau sénile et sanguinaire d’un Thiers, qui ne peuvent trouver d’exécuteurs volontaires et