Page:Arnould - Histoire populaire et parlementaire de la Commune de Paris, v2.djvu/9

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On comprend donc que personne, dans le parti républicain, démocratique, révolutionnaire ou socialiste, ne désirait livrer la bataille des rues ; que tous les hommes de cœur et d’action, au contraire, d’accord en cela avec le bon sens et l’opinion publique générale à Paris, s’efforçaient d’éviter la guerre civile, et que la provocation ne put venir que du gouvernement, provocation préméditée longuement à l’avance, résolue par l’Assemblée et par Thiers, et dont nous allons voir se dérouler le plan.

Tout reposait sur la question des canons, question créée, entretenue, envenimée avec soin par le gouvernement.

Comme je l’ai déjà dit plusieurs fois, ces canons avaient été enlevés dans un but exclusivement patriotique, afin de les soustraire aux Prussiens.

Après le départ des Prussiens, et ce danger passé, le peuple français en général, le peuple parisien en particulier, est si peu défiant et garde si peu la mémoire des trahisons dont il est éternellement victime, que la garde nationale les eût volontiers rendus, sans les menaces venues de Bordeaux, et cet ensemble de mesures précipitées qui furent une véritable déclaration de guerre à Paris, à la République.

Les rendre sans condition eût été, dès lors, une lâcheté et même une sottise.

D’ailleurs, à qui les rendre ?

Ces canons, dans leur presque totalité, étaient la propriété personnelle de la garde nationale.

L’Etat ne les avait pas sortis de ses arsenaux pour les lui confier pendant la guerre. Ils avaient été payés par les bataillons prélevant une souscription sur leur solde, ou sur les ressources particulières de chaque citoyen.