Page:Arnould - Histoire populaire et parlementaire de la Commune de Paris, v2.djvu/138

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laisser panser. On lui avait dit que les fédérés empoisonnaient leurs prisonniers.

On eut beau insister auprès de lui, il refusait toute nourriture. Pour l’empêcher de se laisser mourir de faim, il fallut que le chirurgien fît apporter des aliments, et y goûta le premier.

Non, l’égorgement de quelques centaines, de quelques milliers de gendarmes et d’agents de police ne pouvait arrêter Thiers, mettre un terme aux fureurs lâches d’un Galiffet ou d’un Vinoy.

Il entrait même dans leur calcul.

Qu’importe à ces hommes la vie des instruments stupides qu’ils emploient ?

Est-ce que la conscription, l’ignorance, la misère et la discipline ne leur en donnent pas autant qu’ils en veulent ?

Est-ce que cela les touche ?

Est-ce qu’ils ont le respect de la vie humaine ?

Est-ce qu’ils se sentent solidaires de quiconque souffre et meurt ?

C’est bon pour des révolutionnaires et des socialistes, cela !

Parce que la Commune se composait d’hommes ayant un niveau moral supérieur, pour qui toute existence humaine, étant celle d’un semblable et d’un égal, revêt quelque chose de sacré, elle crut, en décrétant la loi des otages, frapper un grand coup sur ses ennemis.

Elle ne frappa qu’elle-même !

Néanmoins, s’il était démontré que ce décret, — malgré tout le parti qu’on en a tiré depuis contre la Commune, — a sauvé la vie d’un seul fédéré, il serait absolument justifié.

En tout cas, ce n’est point à ceux qui ont froidement égorgé toute une population, dans Paris mis à sac, ce n’est point à ceux qui ont approuvé