Page:Arnould - Histoire populaire et parlementaire de la Commune de Paris, v2.djvu/139

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ou laissé s’accomplir, sans une protestation, cet abominable massacre, qu’il appartient de se récrier, de nous dénoncer et de jouer l’indignation.

Le sang encore mal séché qui les couvre, démontre trop que nous avions le droit d’adopter toute mesure qui fût de nature à protéger les soldats héroïques de la Commune contre les assassins versaillais.

La Commune ayant été vaincue, ses ennemis prirent dans ce décret le prétexte qu’ils cherchaient pour justifier plus tard l’odieux de leurs violences sanguinaires et falsifier l’histoire.

La Commune avait menacé sans frapper.

On répondit à des mots par des mitrailleuses, et ce sont les mots, hélas ! que l’histoire enregistre, que la foule ignorante se rappelle !

Le décret sur la colonne Vendôme n’a point le même caractère.

Il fut peut-être maladroit, en ce sens que le Parisien, comme jadis le peuple d’Athènes et de Rome, tient essentiellement à ses monuments. Il en est personnellement fier. Ils sont sa propriété. C’est un artiste. L’une des choses qui indignaient les plus indifférents, des gens qui ne trouvèrent pas une larme pour tant de leurs concitoyens égorgés, c’était de voir les obus thieristes entamer l’Arc-de-Triomphe, criblant de larges blessures ses bas-reliefs.

On peut aussi prétendre que la Commune avait des mesures plus urgentes à prendre que d’ordonner la démolition d’un monument quelconque.

Néanmoins, ce décret, assez mal accueilli au début, par une notable partie de la population, restera marqué d’un grand caractère moral.

C’était une affirmation éclatante des principes