Page:Arnould - Histoire populaire et parlementaire de la Commune de Paris, v2.djvu/14

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Il les repoussa par un silence méprisant, d’après la tactique inaugurée depuis l’avènement de Thiers au pouvoir.

Ce que Thiers voulait, ce n’était point la restitution des canons : — c’était l’égorgement dés classes travailleuses de Paris, de tout le parti socialiste et révolutionnaire.

Ce qu’il voulait, — c’était la guerre civile, une guerre qui lui permît dé rentrer dans Paris en vainqueur, la hache à la main, cent mille bourreaux derrière lui.

Qu’on s’entendît sur la question des canons, et ce rêve de sa vie entière se trouvait encore reculé. Or, à son âge on n’attend pas volontiers.

Il comprenait, en effet, aussi bien que le parti révolutionnaire tout entier, quels avantages la situation actuelle, en se prolongeant, eût apporté à la cause de la République, de la démocratie.

Il comprenait que Paris, debout, c’était Thiers par terre.

Il se garda donc bien de provoquer, de chercher, d’écouter de raisonnables résolutions, de même que, plus tard, sous la Commune, il repoussa froidement toutes les propositions d’arrangement présentées par certains maires et quelques groupes conciliateurs.

On pourrait même supposer qu’il ne voulut pas enlever les canons par surprise, de crainte de jeter trop complètement le désarroi et le découragement dans les bataillons révolutionnaires.

Sachant que la garde nationale, épuisée par cinq mois de siége, se lassait de ses factions sur les buttes Montmartre, d’autant plus que ces factions, faites toujours par les bataillons du quartier, étaient véritablement fatigantes, on