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Le quartier dormait.

Si l’on avait eu l’intention arrêtée d’enlever les canons réunis là, on aurait envoyé quelques centaines d’hommes au lieu de cinquante. Ils se fussent présentés à toutes les issues à la fois, auraient refoulé les gardes nationaux présents, qui se trouvaient pris comme dans une souricière. Une heure après, sans que le quartier s’en doutât, les canons avaient disparu.

On envoya, au contraire, une force insuffisante, avec ordre évidemment de battre en retraite dès qu’une résistance quelconque se produirait.

L’éveil fut donné dans le quartier. Des gardes nationaux accoururent de tous côtés, barrèrent les passages, bivouaquèrent pendant la nuit, prêts à repousser l’attaque, si elle se renouvelait.

Le Comité Central, avisé de cette tentative, donna des ordres en conséquence. Jugeant avec raison qu’on ne pouvait défendre la place des Vosges, qui, de plus, était au cœur du Marais, réputé réactionnaire, il envoya, le lendemain, dans la matinée, plusieurs bataillons dévoués qui s’emparèrent des canons, et les traînèrent à bras, dans la direction du faubourg Antoine, où on les installa rue Basfroid et aux environs.

Ce déménagement accompli en plein jour, — il pouvait être midi, — exigea une heure ou deux pendant lesquelles pas un homme de troupe ne parut.

Le gouvernement prévenu, lui aussi, laissa faire.

Craignait-il donc que le parc d’artillerie de la place des Vosges ne tombât trop facilement entre ses mains, et que les bataillons populaires du faubourg Antoine fussent ainsi privés d’un des principaux éléments de l’insurrection projetée par Thiers et ses complices ?