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le compte de la capitale, on supposait qu’il serait facile de lever la province entière contre la grande cité.

Enfin, les Prussiens étaient là, occupant encore la moitié des forts qui dominent la ville.

Si donc le soulèvement parisien paraissait trop formidable et menaçait de devenir victorieux, il n’y aurait qu’un signe à faire à Bismark, et M. Thiers, uni à l’étranger, écrasait l’élément révolutionnaire massé dans Paris.

Il est vrai que la France fût restée sur le carreau, il est vrai que c’est là une de ces extrémités tellement infâmes qu’on hésite à en attribuer la pensée même à ses plus cruels ennemis ; mais les faits sont là : que l’histoire prononce.

Jeter le peuple de Paris dans la rue, sous les yeux des Allemands vainqueurs, allumer la guerre civile sous le canon à peine refroidi d’une armée germanique, tel est le calcul machiavélique, le crime hideux, qu’un vieillard atteint de la monomanie furieuse du pouvoir, de la haine implacable des classes ouvrières et des principes socialistes, ne craignit pas de concevoir et d’exécuter avec une résolution patiente dont l’impassibilité stupéfie la conscience humaine.

Thiers avait un intérêt majeur à commencer l’attaque, à provoquer la bataille, avant que Paris ne se fût reposé du premier siège, avant que l’organisation de la garde nationale ne fût complète, avant surtout que Paris n’ait pu se mettre de nouveau en rapport avec le reste de la France, y démasquer les mensonges dont il était victime, y communiquer quelques étincelles du feu patriotique et révolutionnaire dont il brûlait.

Thiers avait aussi un intérêt positif à ce que la résistance fût assez sérieuse pour causer une ter-