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reur folle à la bourgeoisie, le poser en Sauveur et le rendre nécessaire, essentiel.

En effet, que Paris se laissât désarmer sans coup férir, qu’en résultait-il ?

Le triomphe de la réaction, la chute immédiate de la République, la transportation de quelques milliers de républicains et de socialistes, la proclamation d’une lieutenance générale, puis de la monarchie. C’était le 2 décembre recommencé.

Mais alors Thiers eût tiré les marrons du feu pour d’autres. Mais alors le pouvoir lui échappait, il passait du premier rang, rêve de toute son existence, au deuxième, au troisième rang !

Qui sait ? Chambord ou d’Aumale le reléguait peut-être même dans la vie privée.

La Révolution était vaincue, mais Thiers n’était point vainqueur.

Ce qu’il lui fallait, je le répète, c’était une bataille, bataille terrible, qui flattât toutes ses prétentions de grand capitaine, dont la victoire lui fût d’avance, fatalement assurée, — et les Prussiens lui en répondaient, — dont les proportions redoutables, menaçantes, lui donnassent, par la force des choses, la direction des affaires !

Il fallait que ce mauvais coup lui assurât, comme aux Bonapartes qu’il a toujours admirés, cette dictature effective après laquelle il aspirait, qu’il voulut garder par tous les moyens possibles, même en fondant, s’il le fallait, ce qu’on appelle une République à Versailles.

Si je me suis expliqué clairement, on doit comprendre que la réaction avait seule intérêt à provoquer la guerre civile, et que la date en fut exclusivement appropriée aux desseins personnels, aux ambitions cachées de M. Thiers.