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Il faut ajouter que Thiers garda pour lui le secret de son plan.

L’Assemblée de Bordeaux, si elle l’eût connu, l’aurait contrecarré. La majorité voulait purement et simplement rétablir la monarchie, nullement travailler à l’élévation de Thiers, qu’elle détestait.

Puis, cette Assemblée était incapable non pas de concevoir, mais même de comprendre un plan politique quelconque.

Thiers n’eût trouvé de complices que dans la gauche, et il n’en avait pas besoin, sachant bien qu’après la victoire il y trouverait des complaisants.

Par cette ignorance où se trouvait le gouvernement lui-même des véritables desseins de son chef, s’explique peut-être la conduite hésitante et les actes contradictoires des représentants de l’autorité durant la première quinzaine de mars.

En dehors de ces raisons, les événements qui précédèrent le 18 mars, et qui s’accomplirent ce jour-là, resteraient pour l’histoire absolument incompréhensibles et complètement absurdes.

Il faut choisir entre la scélératesse la plus raffinée, ou l’ineptie la plus flagrante. Quoique l’élan du peuple de Paris ait dépassé les prévisions de Thiers, quoique ce dernier ait failli tomber dans son propre piège, le coup n’en était pas moins calculé avec une horrible habileté.

L’homme de Transnonain ne pécha que par où pèchent tous ces petits monstres pétris de ruse, qui oublient toujours de supputer ces grandes forces dont ils n’ont pas conscience, et qui