Page:Arnould - Histoire populaire et parlementaire de la Commune de Paris, v2.djvu/22

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 22 —

Résister, courir aux armes, c’était sans doute marcher à la mort.

Il y a des circonstances où il faut savoir mourir, lorsque mourir, c’est confesser sa foi, lorsque mourir, c’est affirmer un principe, arborer un drapeau, jeter dans le monde avec son sang une idée nouvelle et vraie.

Paris accepta la bataille.

Ce fut, de sa part, une folie, si l’on veut, mais folie héroïque et sublime, folie utile, folie féconde, dont les résultats se font déjà sentir à travers l’Europe ébranlée.

On connaît les détails de cette journée.

Les buttes Montmartre furent d’abord surprises, mais comme cette victoire trop facile n’eût sans doute pas fait les affaires de Thiers, il se trouva que les troupes n’avaient point amené de chevaux, ni de traits pour enlever les canons.

On perdit, vainqueur, tout le temps nécessaire pour que la garde nationale pût être prévenue, pût accourir.

Il y eut là un de ces éclairs de sensibilité caractéristiques, presque touchants, dont le peuple de Paris est si prodigue. Les femmes arrivèrent les premières. Elles se jetèrent sur les canons déjà en possession de l’armée, les enlacèrent de leurs bras, s’y cramponnèrent.

Elles s’élancèrent dans les rangs de l’ennemi, adjurant les soldats de ne point tirer sur leurs frères, les gagnant un à un, leur arrachant leurs fusils.

Les gardes nationaux, pendant ce temps, s’armaient, se massaient à leur tour.

Le soldat, las de batailles, déshabitué de la discipline par ses défaites, n’ayant plus de confiance en ses chefs, ni d’estime pour eux, se laissa