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entraîner. Il leva la crosse, fraternisa avec la foule.

Les gendarmes, les gardes de Paris, les anciens sergents de ville, résistèrent seuls à l’entraînement général.

Pour ceux-là, il y avait les fusils des fils, des frères, des maris. Ils battirent en retraite.

Dans le faubourg Antoine, la surveillance avait été plus active. On n’avait pu surprendre le parc de la rue Basfroid.

Lorsque j’arrivai, le matin, sur la place de la Bastille, cette place était couverte de troupes et de mitrailleuses. Les gens de police enlevaient les couronnes attachées le long de la colonne.

Le drapeau rouge qui surmontait le Génie avait disparu, ainsi que l’écriteau acclamant la République universelle.

Mais toutes les rues débouchant du faubourg étaient déjà hérissées de barricades, A chaque coin de ces rues, un garde national, l’arme au bras, se promenait impassible, à vingt pas de la sentinelle avancée de l’armée ennemie.

Les soldats, du reste, paraissaient abattus, fatigués, sans entrain, mécontents même. C’étaient de toutes jeunes recrues. Ils quittaient le rang pour aller boire chez le marchand de vins, avec le public, qui les prêchait, les endoctrinait.

À midi, l’ordre de retraite arriva. Il en fut de même partout. L’armée se retira, et la garde nationale, tout entière sur pied, resta maîtresse de la cité.

Les bataillons de l’ordre eux-mêmes s’étaient abstenus de prêter main-forte aux condottieri de Versailles.

Vers le même soir, le gouvernement s’enfuit, et Paris se trouva brusquement, sans s’y attendre,