Page:Arnould - Histoire populaire et parlementaire de la Commune de Paris, v2.djvu/36

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Il avait, en les soudoyant, un double but : occuper le Comité Central, gagner du temps, et pousser le peuple, par ces provocations insensées, à des actes de violence qui le compromettent, qui le déshonorent aux yeux du reste de la France.

Télégraphier partout que Paris était en proie à l’anarchie la plus effroyable, que la vie et la propriété des honnêtes gens y étaient à la merci d’une poignée de factieux, composée en majeure partie de repris de justice, que le pillage et le massacre y étaient les occupations journalières et les passe-temps ordinaires du Comité Central, que le sang coulait à flots dans les rues, — c’était bien !

Mais enfin, si l’on avait pu amener le Comité à verser effectivement quelques gouttes de sang, à commettre quelques actes de représailles terribles, — cela eût été beaucoup mieux.

Thiers faisait son possible pour entraîner la population à des extrémités de ce genre.

Il n’y put parvenir, et il en fut aussi étonné qu’exaspéré, car, dans ce Machiavel minuscule, il y avait un gigantesque Prudhomme qui haïssait, méprisait et redoutait sincèrement le peuple, qui le regardait comme une vile multitude en proie aux passions les plus subversives et les plus criminelles, qui s’imaginait, quand cette multitude se soulevait à bout de souffrances et de provocations, qu’elle cédait aux appétits qu’il était habitué à voir tout dominer, tout diriger en lui, comme dans son entourage monarchico-bourgeois.

Mais, s’il manqua cette seconde partie de son plan, il réussit amplement dans la première, qui consistait à gagner du temps.

Là il trouva de précieux collaborateurs dans les maires et les députés de Paris.