Page:Arnould - Histoire populaire et parlementaire de la Commune de Paris, v2.djvu/37

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Les maires et les députés pouvaient, en effet, jouer un grand rôle, sauver la situation, éviter en partie les terribles événements qui suivirent.

Pour les maires, il y a quelques nuances à établir. Les Vacherot, les Vautrain, d’autres encore, ne furent que les agents de Versailles, ne prêtèrent les mains à des semblants de compromis que pour donner le loisir à Thiers de réunir des troupes, d’organiser le siége en règle de la capitale de la France.

Ceux-là firent œuvre de police pure et simple.

Plusieurs, au contraire, tels que MM. Mottu et Bonvalet, apportèrent à ces démarches une véritable sincérité, s’efforcèrent sérieusement, loyalement, d’empêcher un conflit sanglant, de trouver un terrain neutre où l’on pût mettre d’accord, par des concessions mutuelles, les prétentions opposées de Paris et de Versailles.

Ils échouèrent, ils devaient échouer, et leur bonne foi amena les mêmes résultats que la perfidie et la trahison de leurs collègues.

Du reste, ces élus des municipalités eussent-ils eu, tous, d’excellentes intentions et le sentiment exact de la situation vraie, que leur action se fût trouvé entravée, paralysée, annihilée, par l’attitude des députés de Paris, les seuls en mesure d’exercer une pression efficace sur Versailles et sur Paris tout à la fois.

La conduite de ces députés restera dans l’histoire comme un monument de honte et de lâcheté.

Pas un, sauf naturellement ceux qui se rallièrent à la Commune et quittèrent l’Assemblée de Versailles en secouant la poussière de leurs souliers, pas un ne se montra à la hauteur de son rôle, ne sut comprendre ou n’osa remplir son devoir.