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âgé de vingt ans, de ce corps héroïque qui, s’il ne put rien pour l’Irlande, donna un nouvel éclat à la vieille renommée de la bravoure française.

« Le général Humbert, voyant qu’il n’avait à compter que sur lui-même, prit vaillamment son parti ; laissant à Killala une petite garnison, il s’avança avec onze cents hommes vers le sud où il espérait que sa présence serait de signal d’une nouvelle insurrection.

« À Castlebar, il rencontra le général Lake qui, à la tête de quatre mille hommes, lui barra le passage. Les Français attaquèrent avec une telle impétuosité qu’ils culbutèrent les Anglais du premier choc, leur tuèrent huit cents hommes et s’emparèrent de dix pièces de canon.

« Pendant la nuit qui suivit ce brillant fait d’armes, des feux furent allumés sur toutes les hauteurs, donnant le signal de l’insurrection aux habitants des environs, mais rien ne pouvait plus ranimer l’ardeur des habitants découragés.

« Humbert continua sa marche sur Dublin afin de rallier quelques bandes d’Irlandais qui guerroyaient encore dans cette partie de l’île. Prévenu qu’un corps de trente mille hommes s’avançait vers lui pour l’envelopper, le général ne se laissa pas intimider et, manœuvrant avec une habileté consommée, il réussit pendant longtemps, tout en gagnant du terrain, à empêcher les différents corps d’armée d’opérer leur jonction ; mais la lutte était trop inégale pour pouvoir se prolonger. Humbert rencontra, en effet, une armée de trente mille hommes près de Bellinamuch ; elle était commandée par le vice-roi d’Irlande, lord Cornwalis ; le général français eut l’audace d’accepter le combat et imposa tellement aux Anglais, par ses dispositions et la contenance de sa troupe, qu’il obtint pour lui et ses huit cent quarante-quatre hommes une capitulation honorable.