toute mon âme, afin qu’il vous rende heureux. Que vous faudrait-il donc pour cela, Clary ?
— L’homme sait-il ce qu’il veut ? répondit Clary en s’efforçant de sourire.
— Vous voudriez voir l’indépendance de l’Irlande et rentrer en possession du rang qu’occupaient vos ancêtres ?
— Je donnerais ma vie pour arracher mon pays à la domination qui l’écrase, Dieu m’est témoin que mon patriotisme est pur de tout sentiment personnel. Hélas ! je ne conserve aucune illusion ; l’Irlande est anéantie, on a usé tous les ressorts de cette indomptable énergie. Comment lutter contre la puissante organisation de l’Angleterre ? on l’a essayé en vain. Les Irlandais eussent-ils réussi à s’affranchir un jour, ne seraient-ils pas retombés tôt ou tard sous la domination de leurs terribles voisins ?
Colette, voici Tomy qui vient à votre rencontre.
— Pourquoi ne vous a-t-il pas accompagné ?
— Le chef a craint que son inexpérience ne lui fît commettre une imprudence. Tomy est assez heureux pour laisser à un autre le bonheur de vous sauver.
— Je vous remercie, Clary ; vous êtes un noble cœur.
Tomy accourait avec son père et ses frères. Willy Podgey dit à la jeune fille :
— Ma chère enfant, nous sommes la cause de votre malheur, permettez du moins que nous essayions de l’adoucir ; venez sous notre toit, notre demeure sera la vôtre, ma femme et mes filles vous entoureront de soins et d’affection.
Tomy avait pris la main de Colette.
— Je devrais déplorer ce qui vous arrive, dit-il, et pourtant il m’est impossible de m’attrister en vous voyant parmi nous.
— Cependant, mes amis, reprit Colette, je ne vous cache pas que j’ai le cœur brisé de me voir à jamais