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Quelle merveille je suis donc ! Gloire à moi ! Il n’y a pas un si habile que moi ! Moi qui ai porté tout ce qui est toujours, sans même le toucher avec mon corps ! 2.13

Quelle merveille je suis donc ! Gloire à moi ! Moi qui ne possède rien du tout, ou bien possède tout ce auquel la parole et l’esprit peuvent se référer. 2.14

Connaissance, ce qui doit être connu, et le connaissant — ces trois n’existent pas en réalité. Je suis la réalité immaculée dans laquelle ils apparaissent à cause de l’ignorance. 2.15

Vraiment le dualisme est la racine de la souffrance. Il n’y a pas d’autre remède que la prise de conscience que tout ce que nous voyons est irréel, et que je suis la seule réalité incorruptible, composé de conscience. 2.16

Je suis une pure conscience que, par ignorance, j’ai imaginé avoir des attributs supplémentaires. En permanence reflétant cela, ma demeure est dans l’inimaginable. 2.17

Pour moi il n’y a ni la servitude, ni la libération. L’illusion a perdu son socle et a cessé. Vraiment tout cela existe en moi, même en fin de compte cela n’existe même pas en moi. 2.18

J’ai reconnu que tout cela, et mon corps, ne sont rien, tandis que mon vrai moi n’est rien que la conscience pure, ainsi, que peut faire maintenant le travail d’imagination ? 2.19

Le corps, le ciel et l’enfer, la servitude et la libération, et la peur aussi, tout cela est pure imagination. Que reste-t-il à faire pour moi dont la nature est conscience ? 2.20

En vérité, je ne vois pas le dualisme, même dans une foule de gens. Quel plaisir aurais-je quand il s’est transformé en désolation ? 2.21

Je ne suis pas le corps, ni le corps n’est mien. Je ne suis pas un être vivant. Je suis la conscience. Ce fut ma soif de vivre qui fut mon asservissement. 2.22

Vraiment, C’est dans l’océan sans limites de moi-même, stimulé par les vagues colorées des mondes, que se lève soudain le vent de la conscience. 2.23

C’est dans l’océan infini de moi-même, que le vent de la pensée s’apaise, et que l’écorce du monde des êtres vivants, qu’un marchand semble mener, est détruit par le manque de marchandises. 2.24

Comment il est merveilleux que, dans l’océan sans limites de moi-même les vagues des êtres vivants se rencontrent, se heurtent, jouent puis disparaissent, en fonction de leurs natures. 2.25

Chapitre III

Ashtavakra :

Ayant la connaissance de soi comme vraiment un et indestructible, comment un homme sage qui possède comme toi ce savoir, prendrait plaisir à acquérir de la richesse ? 3.1

En vérité, c’est quand on connaît pas Soi-même que l’on prend plaisir dans les objets de la fausse perception, de même que la cupidité se meut pour de l’argent factice en ne reconnaissant pas la nacre pour ce qu’elle est. 3.2

Tout cela jaillit comme des vagues dans la mer. En reconnaissant, « je suis Cela », pourquoi courir autour de quelqu’un par besoin ? 3.3

Après avoir entendu de Soi-même tel la conscience pure et suprêmement belle, celui-là irait-il convoiter de sordides objets sexuels ? 3.4

Quand le sage a compris qu’il est lui-même dans tous les êtres, et que tous les êtres sont en lui, il est étonnant que le sens de l’individualité soit en mesure de continuer. 3.5

Il serait étonnant qu’un homme qui a atteint l’état suprême de non-dualité et reçu les bénéfices de la libération soit toujours soumis à la convoitise et freiné par l’activité sexuelle. 3.6

Il serait étonnant que déjà très affaibli, et sachant très bien que son excitation est l’ennemi de la connaissance, il fût encore nostalgique de la sensualité, même à l’approche de ses derniers jours. 3.7

Il serait étonnant que celui qui est hors des choses de ce monde ou du suivant, qui différencie le permanent et l’éphémère, et qui s’engage pour la libération, ait peur de la libération. 3.8

Fêté ou tourmenté, le sage est toujours conscient de sa suprême nature propre et n’est ni heureux, ni déçu. 3.9

La grande âme voit même son propre corps dans l’action comme s’il s’agissait d’un autre, alors comment serait-il perturbé par la louange ou le blâme ? 3.10

En voyant ce monde comme une pure illusion, dépourvu de tout intérêt, comment l’âme forte, pourrait ressentir de la peur, même à l’approche de la mort ? 3.11

Qui est comparable à cette âme forte dont l’esprit est libre du désir, même dans la déception, et qui a trouvé satisfaction dans la connaissance de soi ? 3.12

Comment l’esprit fort, qui sait que ce qu’il voit, de par sa nature même— rien— devrait considérer une chose ou en rejeter une autre ? 3.13

Pour qui a éliminé l’attachement, et est exempt de dualisme et de désir, un objet de jouissance qui vient par lui-même n’est ni douloureux ni agréable. 3.14

Chapitre IV

Ashtavakra :

Certes, le sage qui a la connaissance de soi, jouant de la jouissance du monde, ne ressemble pas à des bêtes égarées dans le monde de la peine. 4.1

Vraiment, le yogi ne ressent aucune émotion, même à accéder à cet état auquel tous les Devas d’Indra aspirent jusqu’à en être inconsolables. 4.2

Celui qui a connu Cela est indifférent aux actes bons ou mauvais, tout comme le ciel n’est pas touché par la fumée, quand bien même il peut sembler l’être. 4.3

Qui peut empêcher la personne de grande âme qui a connu tout ce monde comme lui-même de vivre comme il lui plaît ? 4.4

Parmi les quatre catégories d’êtres vivants, de Brahma jusqu’à la dernière touffe d’herbe, seul l’homme de savoir est capable de repousser le désir et l’aversion. 4.5

Rare est l’homme qui se sait lui-même comme indivis du Seigneur du monde, et nulle peur ne vient à qui sait cela de tout. 4.6