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Qui d’autre que l’honnête homme sans désir sait sans savoir, voit sans voir et parle sans parler ? 18.90

Mendiant ou roi, il est celui qui excelle à être sans désir, et dont l’opinion sur les choses est débarrassé des « bons » et « mauvais ». 18.91

Il n’y a ni comportement dissolu ni vertu, ni même la discrimination de la vérité pour le sage qui a atteint l’objectif et est l’incarnation même de la sincérité naïve. 18.92

Comment peut-on décrire ce qui est vécu au sein d’un sans désir et sans douleur, et heureux de se reposer en lui-même — et à qui ? 18.93

Le sage qui est heureux, en toutes circonstances ne dort pas, même dans le sommeil profond, ne dort pas dans un rêve, ni n’est éveillé quand il est éveillé. 18.94

Le visionnaire est sans pensées, même quand il pense, sans sens parmi les sens, sans compréhension, même dans la compréhension et sans sens de la responsabilité même en l’ego. 18.95

Ni heureux ni malheureux, ni détaché ni lié, ni cherchant la libération ni libéré, il n’est ni quelque chose, ni rien. 18.96

Non distrait dans la distraction, en une immobilité mentale sans assurance, dans une innocence qui n’est pas bête, ce bienheureux n’est même pas sage dans sa sagesse. 18.97

L’homme libéré est posé en toutes circonstances et sans l’idée de « faire » et « reste à faire ». Il en est de même partout, il est et sans cupidité. Il ne s’attarde pas sur ce qu’il a fait ou pas fait. 18.98

Il n’est pas heureux de l’éloge, ni bouleversé du blâme. Il n’a pas peur de la mort, ni n’est attaché à la vie. 18.99

Un homme en paix ne court pas aux réunions animées ou à la forêt. Quoiqu’il arrive et où qu’il soit, il reste le même. 18.100

Chapitre XIX

Janaka :

Aidé de la pince de la connaissance de la vérité, j’ai réussi à extraire l’épine douloureuse des réflexions sans fin du fond de mon cœur. 19.1

Pour moi, établi dans ma propre gloire, il n’y a pas de religion, de sensualité, de possessions, de philosophie, de dualité, voire de non-dualité. 19.2

Pour moi conforté dans ma propre gloire, il n’y a pas de passé, de futur ou de présent. Il n’y a pas d’espace ni même d’éternité. 19.3

Pour moi conforté dans ma propre gloire, il n’y a pas de soi ni de non-soi, pas de bien ni de mal, pas de pensée ni même d’absence de pensée. 19.4

Pour moi conforté dans ma propre gloire, il n’y a ni rêve ni sommeil profond, pas de réveil, ni de quatrième état au-delà, et certainement rien à craindre. 19.5

Pour moi conforté dans ma propre gloire, il n’y a rien de loin et rien à proximité, rien à l’intérieur ni à l’extérieur, rien de grand et rien de petit. 19.6

Pour moi conforté dans ma propre gloire, il n’y a pas de vie ou de mort, pas de mondes ni de choses du monde, pas distraction ni silence de l’esprit. 19.7

Pour moi restant en moi, il n’est pas nécessaire de parler des trois buts de la vie, du yoga ou de la connaissance. 19.8

Chapitre XX

Janaka :

Dans ma nature intacte il n’y a pas d’éléments, pas de corps, pas de facultés, pas d’esprit. Il n’y a ni vide ni angoisse. 20.1

Pour moi, qui n’aie plus le sens du dualisme, il n’y a pas d’écritures, pas d’auto-connaissance, nul esprit libre d’un objet, pas de satisfaction et pas de liberté du désir. 20.2

Il n’y a ni connaissance ni ignorance, pas de « moi », « ceci » ou « mien », pas de servitude, pas de libération, et pas d’attribut de nature même. 20.3

Pour celui qui est toujours libre des caractéristiques individuelles il n’y a pas d’action antécédente de causalité, pas de libération au cours de la vie, et aucun accomplissement au moment de la mort. 20.4

Pour moi, libre de l’individualité, il n’y a ni semeur et ni moissonneur des conséquences, pas de cessation de l’action, rien qui découle de la pensée, aucun objet immédiat, et aucune idée de résultat. 20.5

Il n’y a pas de monde, nul chercheur de libération, nul yogi, nul visionnaire, aucun homme lié ni homme libre. Je reste dans ma propre nature non-duale. 20.6

Il n’y a pas d’émanation ni de retour, pas de but, ni moyens, ni homme en recherche ou en réalisation. Je reste dans ma propre nature non-duale. 20.7

Pour moi qui suis toujours sans tache, il n’y a pas de juge, pas de norme, rien à juger, et pas de jugement. 20.8

Pour moi qui suis pour toujours sans action, il n’y a pas de distraction n concentration, ni manque, pas de compréhension, ni bêtise, ni joie et ni chagrin. 20.9

Pour moi qui suis toujours libre de délibération il n’y a ni vérité conventionnelle, ni vérité absolue, ni bonheur ni souffrance. 20.10

Pour moi qui suis à jamais pur, il n’y a pas d’illusion, pas de cycle des réincarnations, ni attachement ni détachement, nul être vivant et pas de Dieu. 20.11

Pour moi qui suis à jamais immobile et indivisible, conforté en moi-même, il n’y a pas d’activité ou d’inactivité, pas de libération et aucune servitude. 20.12

Pour moi qui suis béni et sans limitation, il n’y a pas d’initiation ni de saintes Écritures, ni disciple ni maître, et pas de but à l’existence humaine. 20.13

Il n’y a pas d’être ou de non-être, pas d’unité ou de dualité. Qu’y a-t-il à dire de plus ? Rien ne naît de moi. 20.14