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CHAPITRE III.

SYMPTÔMES

Lorsqu’on étudie les maladies mentales, on est frappé de la multiplicité des formes qu’elles revêtent, et de l’insuffisance des dénominations admises qui les groupent en quelques types fondamentaux. À mesure que de nouveaux faits se sont reproduits, plusieurs variétés n’ont pu être comprises dans le cadre qu’on avait établi, et tout le monde a reconnu que l’ancienne classification devenait de plus en plus insuffisante. Nous nous sommes demandé bien souvent si l’on ne trouverait pas les bases d’un meilleur classement en remontant au principe même du délire, à la détermination des facultés qui paraissent lésées et à la nature des idées ou des passions qui constituent la folie. Ce sujet exigerait de grandes méditations. Nous ne nous sentons pas la force d’entreprendre cet immense travail, et en attendant qu’un esprit profondément observateur vienne mieux coordonner tous les faits qui existent, nous nous en tiendrons aux dénominations généralement reçues. Ainsi, pour ne pas sortir de la classification de M. Esquirol, nous distinguerons six formes d’aliénation, y ajoutant la stupidité, que ce médecin regarde comme une simple variété de la démence : la première, appelée manie, est caractérisée par une perversion générale des facultés,