Page:Aubanel - Thore - Recherches statistiques sur l’aliénation mentale faites à l’hospice de Bicêtre.djvu/102

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été amenés directement d’une prison, et ils avaient été incarcérés à une époque plus ou moins éloignée de celle de leur admission. Ce qui nous a fait craindre d’établir ce rapport sur une base vicieuse.

Nous avons insisté sur ce point, parce qu’il a une relation directe avec une question importante du traitement de l’aliénation, celle de l’isolement dans les cellules. Son utilité ne pourra être révoquée en doute d’une manière générale. Il est des malades qui doivent être nécessairement soustraits à des impressions extérieures qui ne font qu’exalter leur délire et leur agitation. Mais ces cas ne sont point si fréquents qu’on le pense. Dès qu’ils deviennent paisibles et qu’ils peuvent vivre en société, les aliénés doivent être retirés des loges et couchés au dortoir. Ils délirent encore, et cependant la force de l’exemple et de l’imitation les contraint de se plier à des habitudes régulières. Depuis plusieurs années, M. Ferrus est parvenu à faire manger dans un profond silence près de 200 incurables, la plupart maniaques et souvent agités. Un nouvel essai tenté par M. Leuret, et appliqué aux malades de la section du traitement, vient d’être couronné de succès. Aujourd’hui, dans notre division, 40 loges sont plus que suffisantes pour le nombre de nos fous, et chaque jour on a à se louer de les avoir obligés à vivre en société et de les avoir soustraits à l’influence, souvent fâcheuse, d’un complet isolement dans les cellules.

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