Page:Aubanel - Thore - Recherches statistiques sur l’aliénation mentale faites à l’hospice de Bicêtre.djvu/99

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sur 96. Viennent ensuite les intérêts de famille, chagrins domestiques, pertes d’argent. Les excès sensuels, dont M. Parchappe a indiqué la proportion de 25 pour 0/0, ne s’est point montrée si fréquente dans nos relevés. On a beaucoup parlé de la syphilis et du mercure comme cause de démence : chacune de ces causes a été notée une fois.

On doit remarquer que cinq des individus atteints de démence avaient, peu de temps avant leur admission, séjourné dans une prison, et nous profitons de cette occasion pour discuter la valeur de ce fait dans l’étiologie de l’aliénation mentale.

C’est surtout au sujet des pénitenciers de l’Amérique et de la Suisse que cette question a été soulevée. On sait que dans celui de Cherry-Hill, en Pensylvanie, les condamnés sont conduits les yeux bandés dans une cellule qu’ils ne doivent quitter qu’à l’expiration de leur peine. À Auburn, dans l’état de New-York, les détenus sont isolés pendant la nuit, mais réunis pendant le jour ; ils travaillent, mangent et se promènent en silence. Les pénitenciers du Connecticut et ceux de Lausanne, de Genève, différant sous plusieurs rapports des précédents, s’en distinguent surtout par l’absence de tout châtiment corporel. M. Coindet le premier a été frappé du nombre assez considérable d’aliénés de la maison de Genève : sur 329 détenus admis depuis le 10 octobre 1825 jusqu’au 1er janvier 1837, il a constaté l’existence de 15 aliénés ; et après de longs calculs, dans lesquels il a établi la proportion des aliénés relativement à la population de Genève, il serait arrivé à cette conclusion qu’il existe :