Page:Aubertin - Sénèque et Saint Paul, 1872.djvu/375

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Sénèque à Paul. Là, Sénèque, tout précepteur de Néron, tout personnage influent qu’il était, déclare qu’il souhaite d’être aussi grand parmi les siens que Paul l’est chez les chrétiens. Il fut tué par Néron deux ans avant le glorieux martyre de saint Pierre et de saint Paul[1] Le livre d’où ce passage est tiré est un catalogue ou une nomenclature de tous les écrivains qui, par le caractère religieux de leurs ouvrages, peuvent se rattacher de près ou de loin au christianisme. L’expression sanctorum ne signifie pas qu’aux yeux de saint Jérôme tous ceux qu’il énumère soient des saints, ni même des chrétiens ; il suffit qu’un auteur ait parlé avec éloge de l’Église naissante pour qu’il trouve place dans le catalogue. C’est à ce titre qu’on y voit admis Philon le Juif, qui avait loué l’Église d’Alexandrie fondée par saint Marc ; l’historien juif Josèphe, en récompense du célèbre passage sur Jésus-Christ, interpolé dans son histoire, et dont saint Jérôme ne soupçonne pas le caractère apocryphe[2] ; l’hérétique Tatien et beaucoup d’autres dont l’Église, et le savant Père lui-même, condamnent les doctrines. Un seul ouvrage, fût-il perdu, une seule lettre, fût-elle controuvée, suffisent pour obtenir un rang parmi les hommes illustres de saint Jé-

  1. « Lucius Annœus Seneca, Cordubensis, Sotionis stoici discipulus, ac patruus Lucani poetæ, continentissimæ vitæ fuit. Quem non ponerem in catalogo sanctorum, nisi me illæ epistolæ provocaverint, quæ leguntur a pluribus, Pauli ad Senecam et Senecœ ad Paulum, in quibus, cum esset Neronis magister et illius temporis potentissimus, optare se dicit esse loci apud suos cujus sit Paulus apud christianos. Hic ante biennium quam Petrus et Paulus coronarentur, a Nerone interfectus est. » — Liber de viris illustribus, vel de scriptoribus ecclesiasticis, ad Dextrum prætorio præfectum, ch. xii.
  2. Voyez Josèphe, Antiq, jud., 1. XVIII, ch. iv.