Page:Audebrand - Derniers jours de la Bohème, Calmann-Lévy.djvu/100

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mance n’est pas la petite chose méprisable qu’ils ont l’air de dire : Vous êtes, je crois, l’ami d’Albert Grisar, l’auteur de la Folle, une admirable romance ? À ce sujet, vous rappelez-vous une lettre que Méry, votre autre ami, adressait au Vert-Vert ? « Hier, j’étais à Toulon, j’y ai vu lancer l’Ajax, une nouvelle frégate. L’ouverture jouait la Folle. Dites donc à Grisar que sa musique était fort belle pendant qu’elle alternait avec le bruit du canon. »

— Tout cela est à considérer, j’en conviens.

— Un dernier mot. Bien souvent, c’est dans le calice de la romance qu’on va puiser le thème des grandes œuvres. N’est-ce pas dans le Romancero Espagnol que nos chers romantiques ont trouvé leurs plus belles perles ? Gustave Lemoine et Mlle Loïsa Puget, sa femme, ont fait la Grâce de Dieu, une romance ; Adolphe Dennery en a tiré une pièce des plus attachantes, un drame qui a été joué trois mille fois sur toutes les scènes de l’Europe et qui court encore le monde jusqu’au théâtre d’Honolulu. Vous avez un autre ami, Aimé Maillart, un ancien prix de Rome. Celui-là a pris Gastibelza de Victor Hugo, encore une romance (Saluons le pauvre Hippolyte Maupou) ! et il en a fait un de nos meilleurs opéras comiques. Eh bien, qu’en pensez-vous ? Serez-vous encore de ceux qui blaguent la romance ?

Minuit sonnait ; c’était le moment de la fermeture, nous nous séparâmes.