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LE COMTE LÉON


Voilà une monnaie fruste, une figure aux trois quarts effacée par ce que Denis Diderot appelle « les ailes du vieux Saturne ». Personne ne se rappelait plus ce nom, qui n’est qu’un tronçon du plus grand nom historique des temps modernes. Hier, l’Intermédiaire des Chercheurs l’a ressuscité tout à coup, au grand ébahissement des curieux. « Le comte Léon, qui est-ce donc ? » Tout simplement un fils naturel de César, le bâtard de celui qu’on avait surnommé l’Homme du Destin.

Le comte Léon aura été pendant trente-cinq ans une des curiosités de Paris. Qui ne l’a vu, lorgné, contemplé ou dessiné, soit au crayon, soit à la plume ? Qui n’a été admis à causer avec lui ? Très haut de taille, cinq pieds dix pouces pour le moins, se tenant droit, portant beau, il était comme une photographie vivante de Napoléon, exagérée par le grossissement. On pouvait