Page:Audebrand - Derniers jours de la Bohème, Calmann-Lévy.djvu/357

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dire de lui et l’on disait partout, en effet, qu’il montrait son acte de naissance sur sa figure.

Il y a toutefois quelque réserve à faire, tant au point de vue de l’histoire qu’en ce qui touche la question d’art.

Sur la fin du règne de Louis-Philippe, ces Sceptiques, qu’on nomme aujourd’hui les Je-m’en-foutistes, se donnaient déjà carrière. On les rencontrait un peu sur les marges du beau monde, mais surtout dans la bohème littéraire et chez les peintres. En ce temps-là, sans aucun doute, comme on était au lendemain de la translation des cendres opérée avec une grande mise en scène par le prince de Joinville, le souvenir de Napoléon ne cessait point d’être entouré d’une auréole poétique. Toute la jeunesse, ou à peu près, savait par cœur l’Ode à la Colonne de Victor Hugo.

Le peuple, ouvriers et paysans, à très peu d’exceptions près, chantait dans les guinguettes le Cinq mai de Béranger, qui, au bout du compte, a aussi le rang d’une ode et d’une des plus belles. Au Pays Latin et parmi les lettrés, on lisait, non sans émotion, le Tambour Legrand, de Henri Heine, une épopée en prose. Cependant, çà et là, à travers ce grand Paris, qui a toujours tenu à être la capitale de la Blague, il se manifestait de sourdes et moqueuses protestations. Nos Sceptiques d’alors, je ne l’ai pas oublié, se défendaient d’être chauvins et riaient en