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IX

Le lundi matin, l’atelier était propre et sans un bout de chiffon. Il n’y avait que les fils et les agrafes qui s’entremêlaient dans la corbeille. Bouledogue qui n’aimait pas à attendre demanda dès qu’elle fut assise :

— Qu’est-ce que je vais faire, moi ?

Et aussitôt les autres firent la même demande.

Mme Dalignac dépliait une toile rose sur sa table, et ce fut le patron qui répondit avec bonne humeur :

— Dites donque ? Hé ? ma femme a dormi toute la nuit au lieu de couper des robes.

Il leur montra les fils emmêlés :

— Amusez-vous à débrouiller ça !

Mme Dalignac gardait un air d’extrême fatigue. Elle pliait sur elle-même, et semblait ne plus pouvoir porter son corps qu’elle appuyait contre tout ce qu’elle trouvait à sa portée.

Il y eut un long silence. Le vieux brodeur et moi inondions nos machines de pétrole pour en enlever le cambouis et les ouvrières débrouillaient et enroulaient les fils avec vivacité comme s’il leur restait une crainte de perdre du temps. Puis