Page:Audoux - L Atelier de Marie Claire.djvu/114

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On voyait bien que le patron préférait Églantine à Rose, mais on voyait aussi que sa femme aimait Clément plus qu’Églantine.


Lorsque j’arrivai pour aider Mme Dalignac à l’arrangement du dîner de fête, Clément était déjà là.

Il me parut propre et reluisant comme un objet neuf, et je vis tout de suite que son sourire avait beaucoup de hardiesse.

Lui aussi arrêta son regard sur moi, et il me sembla que sa poignée de main durait plus longtemps qu’il n’était nécessaire.

Il était en train de vider l’atelier pour faire de la place. Rien ne l’embarrassait. Il rangea les mannequins face au mur en les serrant fortement les uns contre les autres, et il étagea au-dessus une énorme pile de cartons. Ses gestes avaient une grande souplesse et ses vêtements bien ajustés suivaient tous ses mouvements.

Tout en accouplant les deux tables pour n’en faire qu’une, il m’indiquait la place de chacun :

— Surtout, disait-il, mettez bien les bambins à côté d’Églantine, et n’oubliez pas de placer Rose auprès de son mari.

Mme Dalignac riait avec lui, et son visage montrait une sérénité si parfaite, qu’il semblait qu’aucun souci ne pourrait jamais plus la troubler.


Le repas se composait de mets solides. Une gaîté franche accueillait chaque plat, et les mots