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drôles faisaient rouler les rires d’un bout à l’autre de la table.

La grande glace de la cheminée reflétait la tête ronde et le dos bien droit de Clément. Et elle faisait paraître encore plus éclatant le teint de sa sœur Rose.

Églantine s’inclinait constamment sur l’un ou l’autre des enfants et la plupart du temps je ne voyais de son visage qu’une joue mince et deux lèvres fraîches qui s’allongeaient pour un baiser.

Elle ne ressemblait pas à son frère, et pas davantage à Rose qui était belle et très différente.

Je ne voyais pas le patron, mais j’entendais son accent à travers les autres voix :

— Donne-m’en un autre peu, hé ?

Ce fut Bergeounette qui chanta la première chanson au dessert.

Bouledogue la suivit. Sa voix large et vibrante retint l’attention de tous.

Roberte, qui vint après, chanta en se trémoussant de telle sorte que Duretour se sauva dans la cuisine pour ne pas entraîner les rires des autres. Et pendant que Rose se campait orgueilleusement avant de se faire entendre, Églantine gardait une posture incommode pour ne pas déranger l’un des petits qui s’était endormi sur ses genoux.

Clément se fit un peu prier quand le patron lui dit :

— Chante-nous donc Le vin de Marsala.

Je croyais à une chanson à boire, mais lorsque Clément se fut mis debout pour chanter, il prit