Page:Audoux - L Atelier de Marie Claire.djvu/129

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qui semblaient deux oiseaux peureux venant se poser sur moi avec confiance. Puis les yeux et les bruyères se changèrent en pierres précieuses et s’éparpillèrent sur les toits revenus, pendant que Clément disait en haussant le ton :

— Je vois bien que vous ne m’aimez pas. Mais qu’est-ce que cela fait ? Vous m’aimerez quand nous serons mariés.

Je voulus lui répondre, mais il tenait son visage si près du mien, qu’il me sembla qu’il n’y aurait pas assez de place pour mes paroles. Son souffle me donnait chaud aux joues, et sa main était très lourde à mon épaule.

Je me retrouvai avec lui près de l’escalier, sans savoir comment nous y étions venus. Il s’appuya un instant contre la rampe avant de dire :

— Je ne suis pas méchant.

Il hésita un peu pour ajouter :

— Et vous n’êtes pas heureuse, cela se voit.

Quand il eut descendu une dizaine de marches il se retourna et me sourit comme si nous étions d’accord en tout et pour tout. Et tandis qu’il s’éloignait, je vis que son cou était solide et bien posé entre ses épaules.


Mlle Herminie ne me fit pas de question. Elle dit seulement avec un sourire :

— J’avais oublié que vous étiez en âge d’être mariée.

Les prunelles fixes de Clément reparurent devant moi, et je répondis aussitôt :