Page:Audoux - L Atelier de Marie Claire.djvu/136

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de mes journées ne dépassait pas deux francs.

Ce n’était pas une surprise pour moi. À mon arrivée à Paris, il m’avait fallu gagner ma vie coûte que coûte et j’avais dû accepter pour cela tous les travaux de couture qui se présentaient. C’était en confectionnant des vêtements pour les grands magasins, que j’étais devenue adroite à la machine, mais, que les vêtements fussent d’hommes, de femmes ou d’enfants, mon gain avait toujours été le même.

J’expliquai ces choses à Mme Dalignac. Je lui appris comment certaines patronnes gagnaient gros en faisant faire hors de chez elles des centaines et des centaines de vêtements. Je lui indiquai les maisons de la rue du Sentier où l’on portait des modèles, et d’où l’on rapportait les étoffes à pleines voitures lorsque le modèle avait du succès.

Elle m’écouta attentivement et ce nouveau travail lui apparut bientôt comme un métier où son mari pourrait s’employer sans grande fatigue. Elle réfléchissait après chaque détail qu’elle me faisait préciser, et quand elle sut que les maisons de gros payaient à date fixe et qu’elle ne serait plus obligée de présenter indéfiniment ses factures, elle décida de faire quelques jolis modèles qu’elle porta aussitôt rue du Sentier.

Elle revint un peu attristée des prix qu’on lui avait offerts. Cependant, elle rapportait douze commandes de la maison Quibu, qu’elle coupa immédiatement. Et, au bout de la journée, nous