Page:Audoux - L Atelier de Marie Claire.djvu/137

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

savions que notre gain allait s’augmenter du double.

Il nous vint un grand courage et une grande gaîté. Mme Dalignac riait de son rire frais et il me semblait entendre le patron quand il disait : « Elle rit joli, ma femme. »

La maison Quibu était une des plus importantes du Sentier. Aussi sa deuxième commande fut si grosse qu’il fallut rappeler les anciennes ouvrières et en demander de nouvelles.

Boudelogue ne fut pas contente de ce changement. Elle craignait pour la finesse de ses mains, mais quand elle eut compris que le travail aux pièces lui permettrait de gagner davantage lorsqu’elle peinerait davantage, elle cessa de grogner et ne parla plus d’aller chez une autre couturière.

Bergeounette, qui connaissait tous les genres de couture, donna des conseils. Selon elle les ouvrières du dehors causaient souvent des ennuis tandis que le travail de l’atelier était régulier et facile à surveiller. Seulement, il fallait des machines. Elle connaissait justement un marchand juif qui en vendait à crédit et elle offrit de l’amener.

Ce marchand était un homme jeune qui ressemblait à un vieux. Il regarda Mme Dalignac, puis il s’assit, et la pria de demander clairement ce qu’elle désirait.

Et pendant que chacune de nous se taisait, on entendit :

— Je voudrais trois machines à coudre.