Page:Audoux - L Atelier de Marie Claire.djvu/180

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Elle croyait qu’un mariage entre elle et Jacques était une chose raisonnable qui pouvait rendre à tous deux la tranquillité et leur apporter un peu de bonheur dans l’avenir.

Elle dit à Jacques :

— Vous aurez trois enfants dès votre entrée en ménage. Voilà tout.

Jacques se fit tout de suite à l’idée d’épouser Gabielle. Il la trouvait plus à plaindre que lui encore, et tout ce que disait Mme Dalignac lui semblait juste.

Il ne fut pas aussi facile de parler à Gabielle, tant elle apportait d’indifférence à la personne de Jacques. Il ne comptait pas plus pour elle qu’une machine à coudre ou que la table de coupe contre laquelle elle s’appuyait dans ses moments de désespoir, et jamais elle ne s’était inquiétée de sa présence, lorsqu’elle étalait ses colères ou laissait couler ses larmes.

Jacques avoua modestement :

— Je crois bien qu’elle ne m’a jamais regardé.

Pour attirer l’attention de Gabielle il lui offrit plusieurs fois son bras dans la rue. Elle acceptait, tout heureuse d’avoir l’air d’une femme mariée aux yeux des passants ; mais arrivée à sa porte elle retirait son bras en disant : « Merci » d’un air distrait, comme si quelqu’un lui eût simplement prêté une canne pour l’aider à franchir un pas difficile.

Il fallut pourtant se décider à lui parler de ce mariage. Elle ne répondit ni oui, ni non. Elle