Page:Audoux - L Atelier de Marie Claire.djvu/197

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chambre, et pourquoi elle resta si longtemps à nous regarder l’un après l’autre.

Elle toucha les mains de son mari, l’embrassa au front, et repartit silencieuse comme elle était venue.

Le patron écouta un instant les ciseaux qui recommençaient à mordre, et ses yeux qui s’étaient fermés au départ de sa femme, se rouvrirent tout grands lorsqu’il me dit :

— À vivre près d’elle vous gagnerez sa douceur et son courage.

Je n’osai pas lui demander compte des autres paroles et il ne me parla plus de Clément.

Églantine vint bientôt passer les nuits auprès de son oncle comme j’y passais moi-même les jours. Lorsqu’elle arrivait un peu avant le coucher du soleil, le patron la recevait avec un beau sourire de gratitude, puis il s’endormait lourdement pour une heure ou deux. C’étaient là ses seules heures de vrai repos, car tout le reste de la nuit il étouffait ou s’agitait inutilement.

Pour nous aussi c’étaient les seules heures de vrai repos. Après notre dîner nous nous réunissions toutes les trois dans l’atelier, et, quoique nous n’ayons pas de secrets à dire, nous parlions bas et n’allumions pas la lampe.

Ici encore, j’entendais parler de Clément. Mme Dalignac vantait ses qualités de cœur et exaltait certains traits de son caractère :

— Il est actif et intelligent, et jamais les siens ne connaîtront la misère.