Page:Audoux - L Atelier de Marie Claire.djvu/239

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— Tu deviendras riche, toi, lui dit-elle.

Et son joli rire fit retourner les passants.


À chacune de ses visites le propriétaire, qui ne recevait que de faibles acomptes, disait à Mme Dalignac :

— Vous finirez par lasser ma patience.

Elle en restait toute confuse quoiqu’elle lui eût donné jusqu’à son dernier sou. Ce qui la mettait dans un grand embarras en attendant la paye de la maison Quibu.

Le propriétaire ne paraissait pas méchant. C’était un homme d’une cinquantaine d’années dont les cheveux trop noirs reluisaient autant que ses souliers, et dont la moustache était beaucoup trop reluisante aussi.

Duretour se moquait de sa jaquette collante et Bergeounette, qui l’avait dénommé M. Pritout, disait qu’il avait l’air d’un vieux meuble sur lequel on aurait laissé choir un pot de vernis.

En les écoutant Mme Dalignac riait et reprenait son calme. Elle était persuadée que l’abondance du travail lui procurerait le moyen de se libérer rapidement de toutes ses dettes. Et à la voir si tranquille, je me persuadais moi-même que rien de grave ne pouvait la menacer.

La patience de M. Pritout se lassa vite, et les feuilles de papier timbré commencèrent d’arriver.

Mme Dalignac les lisait à peine. Elle les accrochait à un clou avec d’autres papiers sans importance et les oubliait aussitôt.