Page:Audoux - L Atelier de Marie Claire.djvu/37

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— Et vous avez couru derrière lui comme un petit chieng ? dit encore le patron.

— Oh ! non, répondit Duretour. Quand j’ai vu qu’il partait pour de vrai, j’ai perdu la tête et j’ai crié : « Au voleur ! »

Personne n’avait envie de rire. On pensait à Sandrine et au travail pressé, et Duretour n’osa pas dire la fin de son histoire.

Sandrine arriva au moment où tout le monde avait cessé de penser à elle.

Elle venait demander la permission de se reposer tout le jour. Elle s’excusa en disant qu’elle avait la fièvre et qu’il lui était impossible de travailler.

Ses yeux étaient brillants et ses lèvres rouges, mais son visage paraissait très diminué.

Presque aussitôt elle eut une quinte de toux.

On eût dit qu’elle avait quelque chose de fêlé dans la gorge, et Duretour lui cria :

— Arrêtez-vous donc, vous toussez comme un vieux bonhomme.

Sandrine se mit à rire à travers sa toux, puis elle dit en frappant sa poitrine de son poing fermé :

— C’est la première fois qu’un rhume me fait aussi mal.

Dès qu’elle fut partie, Mme Dalignac parut s’inquiéter à son sujet et le patron grommela :

— Il ne manquerait plus que ça qu’elle soit malade.

Le lendemain elle manqua encore, et Duretour,