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qui était allée aux nouvelles, rapporta que la fièvre avait augmenté et que Sandrine était incapable de se lever.

Le regard de Mme Dalignac se fixa un long moment sur les robes à moitié faites qui s’étalaient partout. Et le patron parlait déjà de prendre une nouvelle ouvrière pour remplacer Sandrine.

Sa femme l’empêcha de s’agiter davantage en disant :

— Je travaillerai tous les soirs jusqu’à minuit. Voilà tout.

Elle ajouta d’un air un peu gêné en se tournant vers nous :

— Si l’une de vous a envie d’en faire autant, nous veillerons ensemble.

Personne ne répondit. Mais le soir, comme neuf heures sonnaient, Bergeounelle arriva en même temps que moi. Et presque aussitôt, Bouledogue entra à son tour.

Le patron fut grandement surpris en la voyant. Il ne pouvait pas croire qu’elle voulût veiller aussi.

— Oh ! c’est pour Sandrine, répondit Bouledogue de son air malgracieux.

Et chacune se mit à travailler en silence.

Le patron avait pris un coin de la table. Il dessinait une garniture de broderie pour un manteau, et quoique son fusain se cassât souvent dans ses doigts, il ne s’impatientait pas comme d’habitude.

Les veillées suivantes furent plus animées.