Page:Audoux - L Atelier de Marie Claire.djvu/44

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Elle fit encore un effort pour tousser. Il y eut dans sa gorge un claquement sec, comme lorsqu’on vient de casser un fil solide. Puis elle se frappa la poitrine de son poing fermé comme la première fois, et elle dit en riant :

— Il faudra bien que je me débarrasse de ce rhume.

Elle remonta sa mante qui glissait de ses épaules et elle partit en toussant de nouveau.

Son départ laissa un malaise. Le patron restait debout sans parler, et Mme Dalignac, qui tenait les mains à plat sur son ouvrage, dit tout à coup :

— Il y a des rhumes qui font mourir.

Le patron resserra sa veste sur sa poitrine comme s’il sentait brusquement venir le froid. Puis il attira son tabouret très près de sa femme et le silence revint.

Les jours qui suivirent, Sandrine toussait beaucoup moins. Cependant, son souffle restait court et plein de rudesse, et sa toux semblait toujours accrocher quelque chose dans sa poitrine.

De temps en temps, le patron lui demandait d’un air gai :

— Cela va, Sandrine ?

Et Sandrine répondait du même air gai en imitant l’accent du patron :

— Cela va biengne.


À présent, l’atelier était tranquille. La table à ouvrage laissait voir ses fils de toutes couleurs, et