Page:Audoux - L Atelier de Marie Claire.djvu/76

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La petite Duretour lui fit des grimaces derrière le dos. Bouledogue lui montra ses dents, et Bergeounette dit tranquillement :

— Elle est bête à faire pleurer un âne.

Le bruit de la machine m’empêchait souvent d’entendre ce que disaient les autres, mais lorsque Roberte parlait, l’expression de son visage me donnait toujours envie de rire.

Elle prenait des poses pour le moindre mot ou le moindre geste, et elle faisait de telles simagrées pour s’asseoir ou se lever que le patron demandait parfois, tout effaré :

— Qu’est-ce qui lui prend ?

Au bout de la première semaine, comme elle s’était absentée un moment, Mme Dalignac dit à son tour :

— Chaque fois que je regarde de son côté, j’ai une vilaine surprise en trouvant sa pauvre figure au lieu du beau visage de Sandrine.

— Si vous la mettiez à ma place, dit la petite Duretour.

Et elle se tortillait en pinçant sa jolie bouche, pour ressembler à Roberte.

Après les rires, tout le monde fut de son avis, et Roberte dut se mettre au bout de la table, pendant que Duretour devenait subitement très grave en allant s’asseoir à la place de Sandrine.

Maintenant, c’était pour aller aux courses que les clientes exigeaient leurs robes.

Et comme Mme Dalignac recommençait à veil-