Page:Audoux - L Atelier de Marie Claire.djvu/78

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Son mécontentement grandissait en pensant à sa grand’mère trop faible pour descendre les étages, et obligée de prendre l’air à la fenêtre de leur chambre qui s’ouvrait sur une cour étroite et pleine de mauvaises odeurs. Et chaque fois qu’un bruit de la belle maison attirait son attention, elle criait rageusement :

— Vous verrez qu’il n’y viendra jamais personne à ces beaux balcons.


Depuis que Sandrine était morte, le patron ne savait plus commander ni se fâcher. Il restait de longues heures comme absorbé par une idée fixe. Et un jour, quoique personne n’eût parlé de Sandrine, il dit au milieu d’un silence :

— Le médecin n’avait pas prévu l’hémorragie.

— Nous non plus, répondit sa femme, d’un air de regret.

Et comme le patron retombait dans son affaissement, Mme Dalignac pria Bergeounette de chanter pour ramener un peu de gaîté. Mais Bergeounette avait elle-même un grand regret de Sandrine, et aucune chanson ne lui venait à la mémoire.

Elle essaya deux ou trois fois d’en commencer une, mais il se trouva toujours quelqu’un pour lui dire :

— Oh ! non, pas celle-là, elle est trop triste.

Et le silence prit de nouveau la plus grande place.