Page:Audoux - L Atelier de Marie Claire.djvu/82

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Elle m’apprit alors que son mari avait été très malade pendant la première année de leur mariage. Plusieurs médecins avaient même déclaré que ses poumons étaient si gravement atteints qu’il ne pourrait pas vivre plus d’un an.

— Pourtant, reprit-elle, dix ans ont passé depuis.

Et comme si cela lui ôtait tout souci pour l’avenir, elle rit un peu.

Mme Moulin arriva juste au moment où le patron venait de finir son manteau. Et avant que Duretour eût refermé la porte sur elle, on entendit :

— Il n’est pas encore brodé, n’est-ce pas ?

Et son entrée dans l’atelier fut rapide comme un coup de vent.

Le patron lui montra le vêtement avec un peu de malice.

Elle fit claquer ses mains l’une contre l’autre d’un air navré.

— Oh ! quel malheur ! moi qui avais pensé à une autre garniture.

Elle tira sur un bout de soutache, et sa voix timide prit de la force pour demander :

— Est-ce que cela ne peut pas se défaire ?

— Oh ! non, madame.

Et le visage jaune du patron devint tout rouge.

Cette fois Mme Moulin s’en retourna désolée.


Maintenant le patron souffrait de l’estomac.