Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 1.djvu/188

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les airs il ouvre son bec pour épancher en chants mélodieux les ravissements de son triomphe.

Ce ne sont pas les doux accords de la flûte ou du hautbois que j’entends, mais les notes plus harmonieuses de la nature elle-même : le moelleux des tons, la variété et la gradation des modulations, l’étendue de la gamme, le brillant de l’exécution, tout ici est sans rival. Ah ! sans doute, dans le monde entier, il n’existe pas d’oiseau doué de toutes les qualités musicales de ce roi du chant, lui qui a tout appris de la nature, oui, tout !

Mais, une fois encore, il vient de redescendre, et le pacte conjugal a été scellé. Aussitôt, comme si son cœur allait éclater de joie, il exhale ses transports en notes plus suaves et plus riches que jamais. Maintenant il monte plus haut, promenant autour de lui un œil vigilant, pour s’assurer qu’il n’a eu aucun témoin de son bonheur ; puis, quand sont passées ces scènes d’amour, visibles seulement pour l’amant passionné de la nature, il danse, il pirouette dans les airs, comme en délire : on dirait qu’il veut convaincre sa charmante compagne que, pour dépasser toutes ses espérances, il lui garde en réserve bien d’autres trésors d’amour ; et puis, il recommence à chanter encore, en imitant toutes les notes que la nature a réparties entre les autres chantres du feuillage.

Pendant quelque temps, c’est ainsi que se passe chaque longue journée, chaque nuit délicieuse. Mais à une note bien connue que fait entendre la femelle, il cesse ses chants pour se rendre à ses désirs : il faut préparer un