Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 1.djvu/314

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ment à cause de la brièveté de leurs ailes dont la concavité produit ordinairement un bruit sourd. Du reste, elles voyagent dans le plus grand silence.

L’oiseau n’a pas plutôt regagné le domicile de son choix, qu’au premier beau matin le voilà perché sur la branche la plus élevée d’un arbre détaché, d’où il fait éclater sa voix sonore, si richement variée, et d’une si haute mélodie. Il n’est pas naturellement doué pour l’imitation, mais c’est un exécuteur de premier ordre ; et bien qu’il chante parfois des heures de suite, rarement, pour ne pas dire jamais, commet-il une erreur en répétant ces belles leçons qu’il a apprises de la nature, de la nature que seule il étudie, tant que durent le printemps et l’été. Ah ! lecteur, que je voudrais vous répéter aussi ces cadences si pleines de charme et d’harmonie, dont chaque trille vient mourir à votre oreille, doux comme la chanson d’une mère qui berce son petit enfant ; que ne puis-je imiter ces notes si hautes qui ne le cèdent qu’à celles de cet autre musicien des forêts, l’oiseau moqueur, dont le gosier n’a point de rival ! Mais hélas ! il m’est impossible de vous rendre la beauté de ce plain-chant ; allez vous-même au milieu des bois, et là, écoutez-le. — Dans les districts du sud, de temps à autre, vous l’entendrez égayer les jours calmes de l’automne ; mais, en général, il reste sans voix après la saison des œufs.

La manière d’être de cet oiseau, à l’époque où il prélude aux amours, est très curieuse. Souvent le mâle se pavane devant la femelle, en traînant sa queue sur la terre, et faisant le beau autour d’elle, à la manière de