Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 1.djvu/345

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avec des planches, trois des côtés de la cage, ne laissant que le devant garni de barreaux, pour qu’ils pussent voir au travers. Je nettoyai, lavai, sablai la cage afin d’enlever toute mauvaise odeur résultant de la chair corrompue qu’auparavant elle contenait ; et sur-le-champ je cessai de me présenter par devant, comme j’avais coutume, lorsque je voulais leur donner à manger.

Je m’en approchais souvent nu-pieds ; et je reconnus bientôt que quand je ne faisais pas de bruit, les jeunes oiseaux continuaient à rester droits, sans bouger et silencieux, jusqu’à ce que je me fusse montré par le devant de leur prison. Plusieurs fois il m’arriva de prendre un écureuil ou un lapin, de lui ouvrir le ventre, de l’attacher à une longue gaule, avec les entrailles pendant librement, et, dans cet état, de le placer par derrière leur cage ; mais c’était en vain : ils ne sifflaient ni ne remuaient ; tandis que quand je présentais le bout de la gaule au-devant de la cage, à peine avait-il paru par le coin, que mes oiseaux affamés sautaient contre les barreaux, sifflaient d’une furieuse manière et faisaient tous leurs efforts pour atteindre le morceau. Cela fut souvent répété avec de la viande soit fraîche, soit corrompue, mais toujours appropriée à leur goût.

Complétement satisfait, pour mon compte, je cessai ces expériences, et néanmoins continuai à nourrir les deux vautours jusqu’à leur entier développement. Alors je les lâchai à travers la cour de la cuisine, pour qu’ils pussent y ramasser tout ce qu’on leur jetterait ; mais bientôt leur voracité causa leur mort : les petits cochons ne leur échappaient pas lorsqu’ils se trouvaient