Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 1.djvu/422

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temps : ils ont découvert un marais rempli d’un excellent bois de construction ; et comme ils ont remarqué de grands radeaux d’arbres sciés qui passaient en flottant devant leur demeure, à destination de la Nouvelle-Orléans, ils se décident à tenter le succès d’une petite entreprise. Ils achètent des scies au long, construisent eux-mêmes quelques grossiers chariots aux larges roues ; troncs après troncs sont amenés jusqu’au rivage, où bientôt est charpenté leur premier radeau qu’ils chargent de quelques cordes de bois. Lorsque la crue des eaux l’a mis à flot, ils l’attachent avec de longues lianes ou des câbles ; puis, le moment propice étant arrivé, le père et ses fils s’embarquent dessus et se laissent aller au cours du grand fleuve.

La descente ne se fait pas sans beaucoup de difficultés ; mais enfin, sains et saufs, ils arrivent à la Nouvelle-Orléans. Là ils se défont de leur marchandise, et avec l’argent qui en provient et que l’on peut bien dire tout profit, ils se procurent divers articles de confort et d’agrément. Alors ils obtiennent passage aux dernières places d’un steamer ; et le retour ne leur coûte presque rien, car ils savent s’employer à faire du bois et à rendre toutes sortes de services à l’équipage.

Cependant le bateau approche de leur demeure. Voyez là-bas, debout sur le rivage, la mère joyeuse entourée de ses filles. Elles se tiennent au milieu d’un tas de légumes ; une grande jarre de lait frais est à leurs pieds, et dans leurs mains sont des assiettes chargées de rouleaux de beurre. Le steamer s’arrête ; trois larges chapeaux de paille ondoyant à la brise s’élan-